Le Nigeria opère un tournant majeur dans sa politique crypto. Après des années de répression, les autorités ouvrent désormais la voie à un cadre réglementaire pour les stablecoins, marquant une nouvelle ère pour les actifs numériques dans la première économie d’Afrique.
Le Nigeria rebat les cartes de la régulation crypto
Longtemps hostile aux entreprises crypto, le Nigeria change de cap. La Securities and Exchange Commission (SEC) du pays a récemment annoncé l’ouverture officielle du marché aux stablecoins, ces jetons numériques adossés à des monnaies comme le dollar. Désormais considérés comme des titres financiers au même titre que d’autres instruments d’investissement, les stablecoins entrent pleinement dans le champ d’application de l’Investment and Securities Act 2025, la loi-phare qui structure désormais le secteur.
Nigeria open to stablecoin businesses, says SEC DG | TheCable https://t.co/4d0hmjKpv3 pic.twitter.com/O5tJsnOB87
— TheCable (@thecableng) July 24, 2025
Le message du régulateur est clair : « Nigeria is open for stablecoin business », a déclaré Emomotimi Agama, directeur général de la SEC, lors du Nigeria Stablecoin Summit à Lagos. Une déclaration forte, qui contraste avec l’approche répressive observée quelques mois plus tôt, notamment avec les poursuites engagées contre Binance pour blanchiment et évasion fiscale. La SEC prend désormais les rênes de la régulation, tandis que la Banque centrale du Nigeria se recentre sur les paiements, laissant aux stablecoins un espace pour se développer.
Pour encadrer cette transition, un programme d’incubation réglementaire accélérée (ARIP) a été mis en place. Il permet aux entreprises crypto de tester leurs services sous supervision directe. Objectif : encourager l’innovation sans sacrifier la conformité KYC/AML. Ce modèle de « sandbox » reflète les meilleures pratiques internationales, tout en posant les bases d’un hub crypto africain ancré à Lagos.
Une Afrique en pleine mutation réglementaire sur les cryptoactifs
L’élan nigérian s’inscrit dans un mouvement plus large à l’échelle du continent. Plusieurs pays africains commencent à définir un cadre légal autour des cryptoactifs. Au Kenya, une enquête de la Banque centrale révèle que 31 % des banques sont prêtes à s’impliquer dans les services liés aux crypto et NFTs. Ce chiffre traduit une dynamique forte d’ouverture, notamment dans les secteurs du paiement et de la finance décentralisée.
Le Rwanda n’est pas en reste . Son projet de loi, porté par la Capital Markets Authority, impose aux prestataires de services crypto (VASPs) de se faire enregistrer sous peine de lourdes sanctions. Si le minage et les services anonymes sont interdits, le texte marque une volonté claire de canaliser le marché dans une logique de transparence. Même le Maroc, qui avait interdit les cryptomonnaies en 2017, a annoncé la fin de l’année passée , préparer un cadre légal pour en autoriser l’usage, preuve que la pression populaire et l’évolution des usages obligent les autorités à revoir leur position.
Le Botswana, quant à lui, se distingue par une gestion prudente mais proactive de la crypto . Si le marché y reste encore peu développé, la Banque centrale recommande un encadrement préventif pour éviter toute interconnexion dangereuse avec le système bancaire. Autant de signaux qui montrent que l’Afrique veut passer d’une ère de prohibition à une ère de régulation. Et dans cette nouvelle donne, le Nigeria entend bien jouer un rôle de leader continental de la finance crypto.
Morale de l’historie : Longtemps allergique à la crypto, le Nigeria a finalement pris son vaccin : le stablecoin.