« Je suis prêt à aller en prison » pour stopper la CBDC britannique, déclare le leader de Reform Nigel Farage

Actuellement en tête dans les sondages, le leader de Reform UK, Nigel Farage, a exposé certaines des politiques pro-crypto du parti sur la scène principale bondée de Zebu Live à Londres mercredi, espérant séduire un groupe croissant d’électeurs qui pourrait l’aider à briser le système bipartite dominant du pays.

Lors d’une discussion informelle avec Frank Chaparro, vétéran de The Block, Farage s’est montré particulièrement opposé à l’idée des monnaies numériques de banque centrale (CBDC), les qualifiant d’« horreur totale et absolue » qui s’inscrit dans les plans actuels du gouvernement pour une identité numérique.

Le Royaume-Uni explore depuis quelques années la possibilité d’une CBDC. Cependant, bien que la Bank of England et le HM Treasury aient déclaré ne pas avoir encore pris de décision quant à sa nécessité, Farage a affirmé qu’Andrew Bailey, le gouverneur de la banque centrale, lui avait confié en privé son intention d’aller de l’avant avec ces plans.

« Je préférerais aller en prison, et je suis prêt à aller en prison » pour empêcher la mise en place des CBDC administrées sous identité numérique, a déclaré Farage.

Farage est également revenu sur sa carrière de trader de matières premières non loin du lieu de l’événement, reprenant un thème de la campagne présidentielle américaine de Donald Trump en promettant de faire de Londres « un endroit formidable à nouveau », en tirant parti de nouvelles opportunités comme la crypto et en critiquant le gouvernement et les régulateurs pour avoir créé un environnement défavorable aux entrepreneurs, aux entreprises et à l’innovation. « Je veux sortir les actifs numériques et la crypto du froid, à Londres, et mettre en place un cadre réglementaire dans lequel tout le monde peut opérer », a déclaré Farage, promettant de faire du Royaume-Uni un hub mondial pour la crypto s’il entre au 10 Downing Street.

Réitérant ce qu’il avait déjà promis lors de la conférence Bitcoin 2025 à Las Vegas en mai de cette année, Farage prévoit également d’introduire un projet de loi sur les actifs crypto et la finance numérique si le parti politique populiste de droite remporte les prochaines élections générales — qui doivent avoir lieu au plus tard le 15 août 2029 — et qu’il devient Premier ministre du Royaume-Uni.

Bien que cela soit probablement encore dans quelques années, si le parti réussit et que la législation est adoptée, cela signifierait la création d’une « réserve numérique bitcoin » à la Bank of England, une réduction de l’impôt sur les plus-values de 24 % à 10 %, et l’interdiction pour toute banque de fermer les comptes clients simplement parce qu’ils envoient ou reçoivent des fonds depuis des exchanges crypto ou qu’ils tradent des cryptomonnaies légales.

Suite à des saisies criminelles, le Royaume-Uni détient déjà la troisième plus grande quantité connue de bitcoin parmi les nations souveraines avec 61 245 BTC (6.5 billions de dollars), derrière seulement la Chine et les États-Unis avec respectivement 190 000 BTC et 325 477 BTC, selon les estimations de Bitcoin Treasuries basées sur les saisies connues et les divulgations publiques. Cependant, le gouvernement n’a pas été totalement transparent sur l’endroit où ces bitcoin ou autres actifs crypto saisis sont détenus, ni sur l’agence ou le dépositaire spécifique directement responsable de leur sécurité, invoquant des risques opérationnels et de sécurité.

Alors que Farage a déclaré que Reform s’engage à établir la réserve, il a également exprimé son inquiétude lors de la conférence de mercredi sur le fait que l’actuelle Chancelière de l’Échiquier travailliste, Rachel Reeves, pourrait vendre les actifs pour aider à résoudre les difficultés budgétaires du pays.

Évoquant ses propres difficultés avec la fermeture de comptes bancaires en 2020, Farage a déclaré que cette expérience l’avait fait passer de quelqu’un qui considérait déjà la crypto comme une industrie légitime à quelqu’un qui la voit comme « la liberté ultime du XXIe siècle, le contrôle de son propre argent, la prise de ses propres décisions, à l’abri d’un gouvernement autoritaire ».

Perspectives de Reform UK

Le gouvernement travailliste actuel de centre-gauche et le Parti conservateur de centre-droit ont traditionnellement dominé les élections britanniques.

Reform est une entité politique relativement nouvelle issue de figures clés précédemment impliquées dans le UK Independence Party (UKIP), dont Nigel Farage. Elle a été fondée en 2018 sous le nom de The Brexit Party puis rebaptisée Reform UK en 2021.

Les données agrégées récentes de projection de sièges d’Electoral Calculus placent Reform à 30,4 % d’intentions de vote pour les prochaines élections générales, avec le gouvernement travailliste actuel à 21,3 %. Les Conservateurs sont à 17,2 %, les Liberal Democrats à 14 %, et le Green Party atteint 9,6 % dans les sondages électoraux.

En termes de sièges prévus, cela se traduirait par 301 membres du parlement pour Reform, 153 pour Labour, 71 pour les Liberal Democrats, 51 pour les Conservateurs et 6 pour les Greens.

Le Royaume-Uni a jusqu’à présent adopté une approche progressive de la régulation crypto, cherchant à se positionner comme un hub mondial pour les actifs numériques tout en donnant la priorité à la protection des consommateurs et à la stabilité financière.

Avant les dernières élections générales britanniques de 2024, aucun des principaux partis politiques britanniques n’a mentionné la crypto dans ses manifestes, ni répondu aux demandes de commentaires de The Block concernant des idées de politiques spécifiques à la crypto ou des plans pour l’industrie dans le pays. Cependant, en mai, Reform est devenu le premier parti politique britannique à accepter des dons en crypto de la part de donateurs éligibles, et le président du parti, Zia Yusuf, est même allé jusqu’à dire que le HMRC devrait permettre aux gens de payer leurs impôts en crypto. 

Avec environ 7 millions d’adultes britanniques, soit environ 12 % de la population, qui possèdent désormais de la crypto selon la dernière étude de la FCA, et d’autres enquêtes sectorielles plaçant ce chiffre plus près de 25 %, tout comme Trump l’a constaté aux États-Unis, cela pourrait devenir un champ de bataille de plus en plus important.