Chine : le mining Bitcoin repart malgré l’interdiction de 2021
Quatre ans après l’interdiction, des indices concordants signalent un retour discret du hashrate en Chine. Des fermes se camouflent derrière des data centers « IA/cloud », des lots d’ASIC reconditionnés réapparaissent, et des poches d’électricité bon marché attirent des opérateurs opportunistes.
Hashrate nocturne, ASIC reconditionnés, surplus électrique : les signaux qui s’accumulent
Les courbes de hashrate affichent des pics horaires qui évoquent des mises en route nocturnes et des cycles liés à des tarifs off-peak. Ce motif, déjà observé par le passé, suggère des sites prudents qui évitent les heures les plus visibles. Ensuite, sur les marchés secondaires, des lots d’ASIC S19 et M30XX circulent à nouveau, parfois livrés directement vers l’Asie intérieure, avec une logistique courte et des réparations locales.
Par ailleurs, plusieurs provinces disposent d’excédents hydrauliques saisonniers. En saison humide, le kWh reste attractif dans des vallées déjà raccordées à des parcs industriels. Des opérateurs louent quelques travées d’un bâtiment déclaré en traitement de données. L’hébergement se fond dans le paysage, les racks ressemblent à du calcul IA, et les branchements se font sous sous-stations qui ont connu cette charge par le passé. Enfin, l’acheminement du hashrate vers des pools hors Chine se fait via VPN et relais, ce qui dilue l’empreinte réseau.
Pourquoi le mining revient : coût du kWh, paravent « data/IA » et proximité industrielle
Sur le plan économique, le coût du kWh reste décisif. Malgré la répression de 2021, certaines poches offrent un tarif compétitif par rapport au Kazakhstan ou à des États américains déjà saturés.
Dans un contexte de prix de l’électricité tendu ailleurs, le différentiel suffit à réactiver des sites qui amortissent encore des machines déjà payées. De plus, la proximité industrielle demeure un atout. Les ateliers capables de reparer ou reflasher des ASIC sont proches, les pièces détachées circulent vite, et le coût d’immobilisation reste faible.
Ensuite, la couverture « data/IA » abaisse la surface de risque opérationnel. Déclarer un centre de calcul, héberger des GPU et quelques baies de CPU, puis glisser des ASIC sur des rails adjacents permet de brouiller la lecture, au moins temporairement. Les flux vers les pools se fractionnent, les opérateurs limitent les signaux réseau et changent de relais au besoin. En cas d’alerte, l’arrêt est rapide, et la reprise s’organise à quelques centaines de kilomètres.
Enfin, l’écosystème a appris à diversifier. Certaines équipes gardent un plan B au-delà des frontières, prêtes à redéployer une partie des machines en Asie centrale ou en Amérique du Nord. Cette mobilité réduit le coût d’option. Elle favorise des arbitrages saisonniers avec des tranches de hashrate mobiles qui suivent l’énergie la moins chère.
Difficulté en hausse, marges sous pression et spectre d’une nouvelle répression
Le retour de hashrate pèse sur les marges des mineurs aux coûts élevés. La difficulté s’ajuste à la hausse si l’agrégat progresse, ce qui redistribue la rentabilité vers les sites mieux alimentés. Les fermes qui paient l’énergie au prix fort subissent. Celles qui profitent d’un kWh bon marché conservent un coussin. Cette mécanique ne dit rien du prix du bitcoin lui-même, mais elle contraint les opérateurs les moins efficients.
Pour autant, le risque réglementaire ne disparaît pas. Des campagnes éclairs peuvent viser des zones repérées. En hiver, la priorité donnée aux besoins résidentiels rend les coupures plus probables. Surtout si la demande grimpe. Les opérateurs IA officiels, eux, craignent les surconsommations anormales qui attirent l’attention. Ce jeu du chat et de la souris impose des procédures de repli et des stocks de pièces prêts à partir.
À court terme, trois scénarios se dessinent. D’abord, une tolérance locale de facto dans quelques enclaves, tant que la charge reste stable et que l’électricien y trouve son compte. Ensuite, un resserrement si les inspections remontent des anomalies ou si la presse met en lumière des fermes déguisées. Enfin, un redéploiement accéléré si des coûts alternatifs redeviennent attractifs à l’étranger. Dans tous les cas, le réseau Bitcoin s’adapte.
Pour aller plus loin sur le sujet :
- Alors que le minage de Bitcoin est rendu inabordable, PepeNode démocratise le minage virtuel
- Japon : le mining Bitcoin branché au réseau électrique
- Mining Bitcoin : la Chine pèse désormais 14% du hashrate mondial malgré le ban
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