Un MVP toutes les deux semaines : Parity construit un Web3 « utilisable au quotidien » pour Polkadot !

Avec le retour de Gavin et le recentrage de l'objectif principal de Parity, passant de la création de protocoles au développement de produits, le département produit de Parity attire de plus en plus d'attention. Dans cet épisode de Space Monkeys, nous avons invité Karim Jedda, directeur de l'ingénierie produit chez Parity.
Tout comme Gavin Wood, Karim est aussi quelqu'un qui transforme complètement sa "curiosité" en productivité.
- Il est capable d'enfermer un appareil dans une boîte noire pour vérifier si le téléphone "écoute" en secret ;
- Il peut concevoir, le week-end, un "jeton" physique Polkadot doté de la NFC ;
- Il peut faire débattre trois IA sur la chaîne pour voter ;
- Et il peut aussi incubuer chez lui un système qui permet à l'IA d'écrire automatiquement des dApps.
Dans cette conversation approfondie de Space Monkeys, vous découvrirez un Parity différent : il ne s'agit plus seulement d'optimiser les performances de la blockchain, mais de faire de Web3 une partie intégrante de la vie quotidienne dans un rythme de produit "un MVP toutes les deux semaines" — quelque chose de tangible, compréhensible et immédiatement utilisable !
Une phrase de Karim révèle sa façon de construire le monde : "Si une idée prend racine dans ma tête, je dois la réaliser."
Cet épisode est une interview exclusive sur le produit, la créativité et sur "comment Web3 sera réellement utilisé" à l'avenir !
Poursuivez votre lecture pour découvrir la vision produit actuelle de Parity et son ambiance de travail !

Directeur de l'ingénierie produit chez Parity : la curiosité comme moteur
Jay : Bienvenue dans le nouvel épisode de "Space Monkeys" ! Aujourd'hui, nous recevons Karim Jedda, directeur de l'ingénierie produit chez Parity. Dans le contexte actuel, son rôle est plus important que jamais. Bienvenue dans "Space Monkeys" !
Karim : Merci pour l'invitation, Jay !
Jay : C'est vraiment super de t'avoir ici ! En fait, je t'admire depuis longtemps, tu aimes toujours bidouiller de nouvelles choses et tu es prêt à les partager. Sur quoi travailles-tu en ce moment ?
Karim : Je fais tout cela par passion, car ce travail implique beaucoup de réunions, de discussions et de tâches peu créatives. J'aime réaliser des projets qui permettent aux gens de vivre concrètement les avancées de la blockchain — pour qu'ils puissent participer, observer et ressentir les possibilités offertes par la blockchain sans avoir à comprendre ses mécanismes complexes. C'est pourquoi je fais de l'art génératif (comme des NFT), puis je dis aux gens : "Regardez, c'est en fait très simple." J'y consacre mon temps libre. J'ai aussi imprimé en 3D des étiquettes avec des puces NFC, pour encourager plus de gens à rejoindre l'écosystème Polkadot, tout en faisant quelques essais matériels.
Jay : Ah oui, lors du sommet Web3, tu m'as offert un logo Polkadot imprimé en 3D.
Karim : Exactement ~ Il y a une petite puce NFC à l'intérieur. Mon idée, c'est d'utiliser ce genre d'objet physique pour guider les gens dans la découverte de Polkadot, pas seulement en envoyant un lien. C'est un vrai "jeton" que l'on peut tenir en main. C'est un de mes petits projets. J'ai aussi des projets plus complexes, dont un incubé sur mon serveur personnel — une plateforme qui utilise des outils d'IA pour développer automatiquement des applications décentralisées (dApps), basée sur l'expérience acquise lors du développement de CyberGov. À l'époque, nous avons fait une expérience où trois IA votaient sur la chaîne...
Jay : Attends, parlons-en doucement. Ce CyberGov est composé de trois agents IA qui collaborent pour obtenir le meilleur résultat de vote, c'est bien ça ?
Karim : On peut le voir comme ça, mais en réalité, ce ne sont pas des collaborateurs, ce sont trois agents indépendants qui votent chacun de leur côté, et le résultat final est la somme de leurs votes.
Jay : Je comprends, c'est une sorte de consensus.
Karim : Oui, chaque IA a sa propre "personnalité", ou plutôt de légères différences algorithmiques, ce qui leur donne des préférences différentes selon les propositions. Leur rôle ressemble plus à un "filtre" de propositions qu'à un niveau supérieur de prise de décision intelligente. Mon idée, c'est qu'avec l'évolution des modèles, on puisse changer de modèle tout en gardant ces "personnalités", dans l'espoir d'améliorer continuellement la prise de décision.
Jay : Sur quoi t'es-tu basé pour concevoir ces "personnalités" ?

Karim : L'un est un "stratège", axé sur la stratégie globale ; un autre ressemble à un "investisseur", axé sur le retour sur investissement ; le troisième est entre les deux, avec un profil d'"économiste".
Ce sont les directions que je veux explorer, et la communauté peut aussi proposer d'autres "personnalités" à intégrer. Plusieurs personnes m'ont déjà contacté avec d'excellentes idées, mais je n'ai pas encore eu le temps de les réaliser. Ce projet utilise les dernières avancées du développement IA — nous ne donnons plus directement des prompts au modèle, mais écrivons des programmes pour générer les prompts, afin d'obtenir le meilleur résultat. C'est une approche totalement différente, et sur la base de ces recherches, je développe un système — qui permet de générer automatiquement des applications décentralisées dès la phase de réflexion.
Jay : Je me souviens qu'Elon Musk fait quelque chose de similaire, il a créé une nouvelle entreprise appelée MacroHard.
Karim : Je n'en ai jamais entendu parler, qu'est-ce que c'est ?
Jay : Tu connais Microsoft, non ? MacroHard, d'après ce que j'ai compris, veut être une entreprise où l'IA écrit automatiquement des logiciels.
Karim : C'est effectivement la tendance actuelle, car c'est un outil à exploiter pleinement. Ceux qui sauront le maîtriser et l'utiliser le plus vite auront un avantage sur ceux qui utilisent encore une interface de chat.
Jay : Exactement. Où en est le projet CyberGov ? Quels sont les résultats ?
Karim : Pour l'instant, il peut déjà soumettre des votes, interagir sur la chaîne, ajouter des commentaires. L'effet global n'est pas encore clair, car il n'a pas encore discuté de propositions concrètes. Mais il a déjà les fonctionnalités de base. Dire qu'il va changer le monde ou bouleverser la gouvernance de la chaîne Polkadot tout de suite, il faudra attendre les prochaines itérations. La version V0 est essentiellement une petite expérience discrète.
Jay : D'accord, je me souviens que tu as aussi un projet où tu utilises exprès des mots-clés publicitaires pour perturber ton téléphone ? C'est quoi ?
Karim : Cette expérience s'appelle "Gaslight Garage".
Jay : Oui, ça sonne un peu inquiétant haha.
Karim : Oui, tu as vu "Orange Mécanique" ?
Jay : Bien sûr ! J'y ai pensé en voyant ton expérience.
Karim : Oui, mais nous, on torture le téléphone, pas les gens haha.
Jay : En gros, tu gardes les capteurs du téléphone en "mode réception" en permanence ?
Karim : Exactement. Ce post a dépassé le million de vues sur Twitter, c'est mon premier contenu viral. Le principe est simple : mettre le téléphone dans une boîte, placer un haut-parleur à côté, générer de l'audio avec l'IA, et envoyer des signaux en continu au téléphone. Si le téléphone "écoute" vraiment, il pourrait capter certains mots-clés et me pousser des publicités associées.
Jay : Tu as utilisé un nouveau téléphone ou le tien ?
Karim : Le mien, c'est mon deuxième téléphone pour les communications privées.
Jay : Et alors, quel résultat ?
Karim : Pour l'instant, rien de spécial. Je n'ai pas reçu de pubs bizarres pour des aspirateurs, par exemple. Peut-être que l'expérience doit durer plus longtemps, ou qu'il faut utiliser les apps en même temps, mais ce n'est pas encore le cas. Donc le téléphone reste là, inutilisé, je dois encore y réfléchir. Je pense que ça a attiré l'attention parce que ça touche un point sensible — certains sont convaincus que "le téléphone ne nous écoute pas", d'autres trouvent l'expérience intéressante et pensent qu'elle pourrait révéler quelque chose.
Jay : Waouh, d'accord. Tes expériences sont très variées. J'ai l'impression que tu satisfais surtout ta propre curiosité, non ?
Karim : Exactement. Dès qu'une idée me vient à l'esprit, je dois la réaliser, sinon je ne peux pas me concentrer sur autre chose. Parfois, je n'arrive même pas à manger ou je me sens anxieux tant que l'idée n'est pas concrétisée. Honnêtement, c'est un problème, car j'ai souvent des tâches plus importantes, mais je ne peux pas m'empêcher de donner vie à ces idées. Donc parfois, je fais un prototype et je le publie pour voir les retours, mon attention est totalement captée par ce que je trouve intéressant sur le moment, je n'y peux rien.
Jay : Je te comprends. Y a-t-il un projet que tu as toujours voulu faire, mais que tu sais que tu n'auras probablement jamais le temps de réaliser, et que tu regrettes un peu ? Dis-le pour que tout le monde l'entende ?
Karim : J'ai toujours voulu créer un véritable outil de requête de données on-chain décentralisé. Un peu comme Dune, mais totalement décentralisé. Mais cette idée n'a jamais avancé, le problème central n'est pas résolu. Si quelqu'un dans la communauté veut s'en charger, ce serait génial, le secteur a vraiment besoin de ce genre d'outil.
J'ai aussi des idées liées à l'automobile, comme porter le mode sentinelle de Tesla sur des voitures ordinaires, en utilisant un Raspberry Pi et une alimentation ininterrompue, pour que la voiture puisse surveiller son environnement même moteur éteint.
Je travaille aussi sur un NVR, tu sais ce que c'est ? C'est un appareil qui analyse les flux des caméras de surveillance connectées à un serveur. Les NVR traditionnels ne font que de la détection de mouvement, mais aujourd'hui, on peut faire bien plus, comme envoyer les images pour une reconnaissance faciale, compter la fréquence d'apparition d'une même personne, etc. Plus intéressant encore, on peut y intégrer des mécanismes blockchain, par exemple, si une caméra est compromise, les autres peuvent refuser automatiquement ses images. Explorer ces intersections est passionnant. Bien sûr, j'ai encore environ deux cents autres idées haha, dès que j'aurai le temps, je les publierai aussi vite que possible.

La technologie ne doit pas servir uniquement les geeks, Web3 doit créer une "valeur nette positive" pour la société
Jay : En dehors de ces petites expériences, pourquoi penses-tu que le produit est si important dans le domaine Web3 ?
Karim : Je pense que beaucoup d'écosystèmes en discutent déjà. Les gens utilisent des "produits", pas des "protocoles", et encore moins l'infrastructure de base pour leurs tâches quotidiennes. Par exemple, pour enregistrer cette émission, tu utilises un iPhone, une caméra Sony, pas des primitives on-chain. Nous avons donc besoin d'une "couche de simplification" pour que 99 % des gens puissent bénéficier de la valeur et des fonctionnalités de la blockchain, tout en évitant les risques liés à la complexité d'utilisation. C'est à la fois notre responsabilité et une nécessité du développement technologique — il faut démocratiser la technologie tout en offrant aux utilisateurs des capacités que les outils Web2 n'ont pas, comme la résistance à la censure, l'accès sans permission, et les infrastructures financières de base.
Beaucoup de fonctionnalités que nous considérons comme acquises sont en fait des habitudes issues d'une longue utilisation de l'écosystème. Il faut briser ces schémas de pensée, simplifier les processus, éliminer les étapes inutiles, et créer des solutions qui permettent aux utilisateurs de profiter facilement des avantages de la blockchain.
Jay : En tant que développeur de produits Web3, as-tu pensé aux risques et responsabilités que tu portes ?
Karim : Bien sûr. Toute technologie qui donne de nouveaux pouvoirs implique des responsabilités, surtout quand on repousse les limites, en faisant des choses que la société n'a pas encore totalement acceptées. La société n'est pas figée, elle évolue constamment. Notre but est de créer "de bons produits", "des choses bénéfiques pour la société", c'est ça qui mérite d'être poursuivi.
Si quelqu'un l'utilise à mauvais escient, c'est effectivement désagréable, c'est inévitable. Mais nous devons faire en sorte que 99 % des usages soient positifs. Même les bons outils ne peuvent empêcher totalement les abus — ce n'est pas propre à Web3, c'est pareil pour l'argent liquide : il peut servir à faire un don à un refuge pour chats errants (je vous encourage à le faire), ou à faire de mauvaises choses. L'essentiel, c'est de maximiser la "valeur nette positive" de Web3 à l'échelle mondiale, sans trop s'attarder sur les inévitables aspects négatifs.
Jay : Mais n'as-tu pas peur d'être poursuivi en justice ? Par exemple, si ton produit devient accidentellement l'outil préféré des criminels, cela te pèse-t-il ?
Karim : Honnêtement, en tant que créateur d'outils et développeur, je n'exploite pas ces produits, je n'en tire pas profit de leur utilisation, donc je ne m'inquiète pas trop de la responsabilité légale. Sauf si l'utilisation de Web3 elle-même devient illégale, auquel cas je ne serai pas le seul concerné, l'impact sera bien plus large. Mais vivant en Occident, nous avons encore une certaine liberté et pouvons faire des choses utiles. Les entreprises technologiques devraient être un moteur de progrès technique et social, j'espère que ces craintes ne se réaliseront jamais.
Les deux types de produits sur lesquels Gavin se concentre : Life (vie quotidienne) et Space (interaction avec le monde réel)
Jay : Très bien dit. Maintenant que Gavin est revenu à la tête de Parity, c'est son entreprise, et sa vision est de "faire des produits". Mais en fait, tu as commencé à pousser la stratégie produit de Parity avant son retour, non ? Je me souviens que c'est toi qui as lancé cette direction.
Karim : Oui. Le département d'ingénierie produit existe depuis environ un an, et notre hypothèse était qu'en développant des produits, nous pourrions mieux comprendre les protocoles. En réalité, nous le faisions déjà avant, comme avec DotLake, qui est un produit. Ou encore Data Website, où nous voulions non seulement permettre aux gens de télécharger des données brutes au format CSV, mais aussi de voir des graphiques, de partager des données, de comprendre visuellement ce qui se passe dans l'écosystème Polkadot. Ensuite, nous avons élargi à d'autres domaines, comme permettre à l'équipe infrastructure de fournir des snapshots de bases de données pour aider les utilisateurs à déployer rapidement des nœuds.
Donc, au départ, nous voulions créer des produits qui "abaissent la barrière de développement sur Polkadot et accélèrent le développement de l'écosystème". Mais aujourd'hui, l'accent est différent : il s'agit de créer des "produits pour les utilisateurs Web3", pour s'assurer que nous faisons "ce dont les utilisateurs ont vraiment besoin", ce qui est différent de l'objectif initial de l'équipe d'ingénierie produit.

Jay : Je comprends, l'essentiel est de fournir de vrais outils utilisables. Avant, c'était pour rendre Polkadot plus accessible, maintenant c'est pour faciliter la vie des utilisateurs dans des scénarios spécifiques. Gavin se concentre maintenant sur deux types de produits : Life (vie quotidienne) et Space (interaction avec le monde réel). Lequel t'intéresse le plus personnellement ?
Karim : Je suis plus intéressé par la catégorie Space.
Jay : Moi aussi ! Qu'est-ce qui t'attire précisément ?
Karim : Essentiellement, tout ce qui concerne "l'interaction physique, potentiellement soutenue par la blockchain". Comme le concept de synchronisation entre caméras et appareils que j'ai évoqué. Ou les expériences physiques, comme les cas présentés au sommet Web3 ou les projets expérimentaux partagés lors de l'événement d'équipe Parity, dont un projet de hackathon qui a remporté un prix.
Jay : Lequel ? Je l'ai raté, j'étais en train d'interviewer quelqu'un d'autre.
Karim : Il sera rendu public plus tard. Mais l'idée générale, c'est de permettre aux gens de ressentir concrètement l'effet de "posséder une clé" ou "un appareil cryptographique", grâce à des expériences interactives entre le monde réel et la chaîne. Je reste volontairement vague, je t'invite à suivre les prochaines actualités, dès que le produit sera suffisamment abouti, nous présenterons une démo.
L'idée de Gav est de créer des produits qui rendent la vie plus amusante, et non, comme je le disais, de forcer les gens à "faire plein de devoirs" avant d'agir. Comme l'application de vote on-chain d'Erin que nous avons présentée aujourd'hui, elle fonctionne entièrement sur la chaîne, mais beaucoup de gens doivent d'abord obtenir des jetons, certains doivent aller sur un Faucet pour des tokens de test, toutes ces expériences doivent être améliorées, l'objectif principal étant de permettre aux utilisateurs de "commencer sans aucune barrière".
Il y a beaucoup d'autres produits Space, par exemple, dans le monde réel, pourquoi ne pas pouvoir payer directement avec son wallet on-chain en magasin ? Pas besoin de carte, d'intermédiaire, ni d'opérations supplémentaires, la valeur d'innovation de ce genre de scénario est énorme, et il y a d'innombrables idées similaires, tout dépend de l'imagination, et bien sûr, il faut valider la faisabilité.
Jay : Exactement. Gav a dit lors de l'événement d'équipe Parity qu'il voulait que le cycle d'itération produit soit de "deux semaines pour un MVP", c'est-à-dire un prototype ou une preuve de concept toutes les deux semaines, lancement rapide. Mais au début, ce ne sera peut-être pas possible, car il veut d'abord découvrir, en faisant des produits, de quels middlewares nous avons besoin, et une fois la base en place, la vitesse d'itération suivra naturellement. De ton point de vue, comment passer de l'état actuel à ce rythme de développement rapide et de prototypage accéléré ?
Karim : William et mon équipe ont soulevé hier un excellent point : dans Web3, beaucoup de décisions techniques ne nécessitent pas notre attention, il suffit de suivre le rythme de la blockchain, sans se soucier de l'architecture des services ou de la conception des bases de données, ce qui simplifie énormément le processus d'itération.
Actuellement, ce mode de développement de protocole axé sur le produit — où les besoins produits guident la conception des protocoles — est très précieux. Par exemple, la blockchain doit-elle être plus rapide ? Doit-elle avoir plus de capacité de stockage ? Ces questions clés doivent venir des besoins produits, et c'est la bonne direction. À partir de maintenant, est-il possible d'atteindre "un prototype toutes les deux semaines" pour le développement MVP et l'exploration ? Je pense que c'est tout à fait faisable. Surtout avec les outils d'IA, l'automatisation, et l'expérience accumulée de l'équipe, nos capacités produits vont s'améliorer, et nous pourrons avoir plusieurs équipes produits — pour créer, prototyper, valider rapidement et tester la faisabilité. Tout dépendra de la rapidité d'optimisation de la chaîne, car si le stockage est trop lent, tout le reste sera bloqué. Avant que la solution ne soit en place, il nous faut des alternatives pour résoudre les problèmes sans trahir les valeurs fondamentales de Web3.
En résumé, je pense que c'est tout à fait possible. Même si c'est difficile, nous avons aujourd'hui suffisamment d'outils. Il y a cinq ans, j'aurais été plus prudent.
En tant que développeur, je prends plaisir à coder ; en tant que manager, je montre l'exemple
Jay : En tant que manager, tu dois diriger ce projet important, quelle est ta stratégie ? Comment transformer le talent brut en une équipe soudée capable de créer des produits ?

Karim : D'abord, je préfère le "leadership par la persuasion". Il s'agit de faire comprendre à l'équipe pourquoi nous faisons cela. Par exemple : pourquoi créer un outil 100 % Web3 ? Quels sont ses avantages ? Il faut que tout le monde adhère sincèrement à cette mission, c'est le moteur principal. Ensuite, leur fournir le soutien nécessaire : accès à la documentation, possibilité de consulter des développeurs expérimentés, coordination des communications et des priorités. Il faut aussi fixer des échéances claires, par exemple dire "au quatrième trimestre, on doit atteindre ces objectifs, puis on planifiera le premier trimestre".
Je dois à la fois soutenir et montrer l'exemple — comme tu l'as vu, je participe moi-même au développement produit. Je ne veux pas être un manager qui ne fait que donner des ordres, je préfère partager : "Voilà ce que j'ai fait, comparons, apprenons ensemble". J'essaie de m'impliquer dans chaque équipe, non pas parce que j'ai du temps, mais parce que cela a le plus de valeur. Certaines équipes sont bloquées car elles ne savent pas dans quelle direction aller, je viens expliquer en réunion, et le problème est résolu.
Enfin, et c'est très important, il faut garder une communication étroite avec l'équipe, lever tous les obstacles et incertitudes. Beaucoup d'équipes gagnantes du hackathon que tu as vues aujourd'hui viennent du département produit. Je veux leur offrir ce soutien : de la gestion quotidienne à la satisfaction du développement, jusqu'à la joie de voir les utilisateurs utiliser leur travail. Mon objectif est de les guider jusqu'à la présentation du projet aux utilisateurs, puis d'itérer avec eux. Bien sûr, je veux aussi participer. C'est vraiment un défi passionnant.
En tant que développeur, je prends plus de plaisir à coder. Mais en tant que manager, je pense que mon rôle est tout aussi important, même si ces contributions ne sont pas toujours reconnues immédiatement, car les "timelines" sont différentes.
Quand un produit est-il "terminé" ? Quels sont les critères de réussite ?
Jay : En tant que leader, comment sais-tu qu'un projet est terminé ? Faire une preuve de concept est une chose, mais un produit largement utilisé en est une autre.
Karim : Nous avons différentes étapes. Le plan en est encore au début, d'abord, nous testons en interne chez Parity : petit déploiement, collecte de retours, assurance qualité de base (QA). Une fois que le produit est validé en interne et que les fonctions Web3 marchent, le seul critère important est l'adoption par les utilisateurs, les données d'usage et la croissance, ce sont des KPI classiques, simples à suivre et à comprendre.
La question clé : les utilisateurs l'utilisent-ils ? Sont-ils satisfaits ? Abandonnent-ils à cause de certains problèmes ? S'il y a des problèmes, on revoit la logique et on optimise. Donc, après le lancement, le critère de succès est clair : taux d'adoption, taux de rétention, et bénéfice pour l'écosystème Polkadot.
Quels conseils pour les bâtisseurs Web3 ?
Jay : Très bien. Maintenant, pour les auditeurs qui nous écoutent, qui sont passionnés, pleins d'idées mais ont du mal à "passer à l'action", quels conseils ou astuces as-tu ? Par où commencer ?
Karim : Je pense à un principe : un voyage de mille lieues commence par un pas. C'est mon expérience personnelle, pas un conseil universel. Je cherche la "plus petite première étape réalisable", pour lancer la dynamique. Cette étape ne réussira pas forcément, ni ne reflétera toute la vision, mais il faut trouver ce qui est le plus facile à faire maintenant, et avancer.
Par exemple, tu veux utiliser un outil IA pour lancer une idée, ou demander à quelqu'un de tester une hypothèse, de promouvoir un concept, il y a toujours des moyens d'atteindre l'objectif. Mais le principe, c'est : mettre le plus vite possible le produit entre les mains de vrais utilisateurs. Certaines idées sont abstraites, difficiles à prototyper rapidement, mais si c'est important pour toi, trouve quelqu'un qui te donnera un vrai retour. En résumé : avancer par petits pas, itérer vite, simplifier si besoin, faire un prototype puis l'améliorer. Les vraies informations viennent du monde réel, pas des datasets, seuls les utilisateurs qui disent "c'est bien" ou "c'est nul" te permettront de t'améliorer.
Et surtout, ne te décourage pas facilement. Le domaine Web3 est parfois difficile : pas de documentation, personne pour répondre à tes questions. C'est aussi pour ça que je pense avoir une responsabilité : permettre à chaque équipe, même la plus petite, d'avoir sa place et sa voix dans l'écosystème.
Si tu veux contribuer au vrai Web3, tu es le bienvenu, il y a forcément une place pour toi ici. Si besoin, contacte-moi pour poser des questions. Dans le contexte mondial actuel, chaque petite contribution à la réalisation de Web3 a de la valeur.

Jay : Génial. Karim, c'est super de t'avoir dans l'émission, et de te voir briller dans l'écosystème. Tu as raison, demander ton aide est toujours agréable, tu es toujours prêt à tendre la main et à résoudre les problèmes autour de toi. Merci beaucoup pour ton travail et ta participation à l'émission.
Karim : De rien, merci à toi aussi. Cet échange a vraiment été très enrichissant. Je suis honoré d'avoir pu partager quelques idées. J'espère que dans les prochaines années, tu pourras inviter les membres de mon équipe à présenter nos produits, à montrer le processus de développement, etc., pour rendre Web3 plus "humain". Car c'est parfois ce qui manque : Web3 est plein d'API et de concepts abstraits, mais derrière, il y a des gens, et c'est pour eux que nous travaillons.
Jay : C'est exactement ce que nous voulons ! Merci beaucoup !
Avertissement : le contenu de cet article reflète uniquement le point de vue de l'auteur et ne représente en aucun cas la plateforme. Cet article n'est pas destiné à servir de référence pour prendre des décisions d'investissement.
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